Donner une valeur à la nature

DONNER UNE VALEUR À LA NATURE, LE DÉFI À RELEVER POUR LES ENTREPRISES

Et si les services rendus par la nature ou les impacts des entreprises sur l’environnement étaient intégrés dans les comptes des entreprises ? Des méthodologies de comptabilité multi-capitaux, prenant en compte le financier, l’environnement et l’humain, ont vu le jour pour pousser les entreprises à préserver les ressources de la nature au même titre que leurs ressources financières. Au forum de Giverny, des entreprises font des propositions pour accélérer la mise en place de cette nouvelle comptabilité.

La recherche en comptabilité ne fait pas rêver… Elle constitue pourtant l’un des leviers principaux pour transformer l’action des entreprises pour mieux respecter le climat et la biodiversité. Depuis plusieurs années, des experts travaillent pour intégrer dans les livres de comptes d’autres éléments que les seuls résultats financiers, comme l’impact que les entreprises peuvent avoir sur l’environnement. Concrètement, toute dégradation ou utilisation de la nature serait alors considérée comme une dette devant être remboursée, au même titre qu’un emprunt bancaire.

Ces méthodes de “comptabilité multi-capitaux” ajoutent ainsi au bilan comptable la valeur de la nature et celle du capital humain, en plus de l’aspect financier. “Cela consiste à intégrer dans la valorisation de l’entreprise, la valeur des capitaux environnementaux“, résumait Lionel Canesi, Président de l’ordre des experts-comptables, lors du Forum de Giverny sur la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE), le 3 septembre. Plusieurs grandes entreprises commencent à se pencher sérieusement sur la question.

Les membres de ce forum ont émis plusieurs propositions afin d’accroître le poids de la RSE dans l’économie, dont certaines visaient justement à généraliser la valorisation de l’environnement dans les comptes des entreprises. Plusieurs sociétés ont lancé des initiatives sur le sujet, comme L’Oréal, qui finance par ailleurs une chaire de recherche de l’école de Commerce Audencia sur la question.

Standardiser les informations

Le groupe de cosmétique a souhaité intégrer deux directions qui se parlaient peu jusque-là, la direction financière et la direction RSE. Le groupe mène une expérience de mise en place d’une comptabilité multi-capitaux. “Il y a un changement d’état d’esprit sur ce qui constitue la performance d’une entreprise, explique Alexandra Palt, la directrice de la RSE de L’Oréal. La RSE doit y être plus intégrée.”

La Commission européenne travaille de son côté à mettre en place un cadre de reporting des enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) des entreprises, à partir des travaux menés par son groupe consultatif sur l’information financière (Efrag). Ce reporting ESG standardisé constitue un préalable utile pour une comptabilité multi-capitaux. Un projet de directive sur le reporting de durabilité des entreprises (Corporate sustainability reporting directive, CSRD) a été présenté en début d’année et doit désormais être discuté par le législateur européen.

La France, qui présidera l’Union européenne à partir du mois de janvier 2022, semble bien décidée à faire avancer le sujet rapidement. “C’est avec certitude que, sur volonté du Président de la République, la CSRD fera partie des priorités de la présidence française de l’Union européenne“, a assuré Olivia Grégoire, la secrétaire d’État en charge de l’Économie sociale, solidaire et responsable au Forum de Giverny.

Arnaud Dumas, @ADumas5

https://www.novethic.fr/actualite/entreprise-responsable/isr-rse/donner-une-valeur-a-la-nature-le-defi-a-relever-pour-les-entreprises-150139.html

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